Les séjours linguistiques utiles contre les préjugés

Stéréotypes et préjugés sont deux phénomènes qui limitent l’ouverture d’esprit et l’apprentissage interculturel. Pour dépasser les clichés sur les pays étrangers, il faut avoir la chance de voyager, comme dans le cadre d’un séjour linguistique, afin de découvrir que dans chaque pays, il existe une variété de cultures et de comportements. Les clichés, stéréotypes et autres préjugés disparaissent alors rapidement, prouvant par là qu’il est essentiel de tenir compte des spécificités culturelles plutôt que d’essayer de simplifier à l’extrême sa perception du monde.

Définitions du stéréotype et des préjugés culturels

clicheUn stéréotype (1) est définit comme une croyance qui attribue à l’ensemble d’un groupe appartenant à une culture, un comportement donné. Ainsi, les anglais auraient tous un chapeau melon et une moustache, les italiens ressembleraient tous à un gondolier de Venise et les allemands seraient déguisés en bavarois et conduiraient des Mercedes…

Le stéréotype est un frein à l’apprentissage des cultures étrangères, puisqu’il efface toute nuance. Il ne prend pas en compte que dans chaque pays il existe une variété infinie de personnalités, voire de langues et de cultures locales. Saviez-vous que les régions espagnoles sont appelées «communautés autonomes » car elles bénéficient de pouvoir élargis (éducation, police…) ou que plus de sept dialectes sont officiellement recensés en Allemagne ? Le stéréotype ne tient pas compte de la réalité qui se cache derrière chaque pays.

Les préjugés culturels sont eux provoqués par la « surestimation positive ou négative d’une culture spécifique » (1). Ils se construisent via les medias, via les rumeurs, les ouï-dire… Ainsi, en croire les medias, les habitants de Rio seraient tous « corrompus et mal organisés » car c’est ce qui ressort de l’organisation des Jeux Olympiques, avant même leur lancement ! Dans le même registre, les anglais seraient de piètres cuisiniers, les français râleurs ou les allemands autoritaires ! Les préjugés tendent à généraliser à l’ensemble d’un groupe un fait qui aurait pu être constaté au niveau d’une faible minorité d’individus.

Le rôle du séjour linguistique

Partir à l’étranger permet de se confronter à la culture du pays dans sa multiplicité, en dépassant préjugés et stéréotypes. Le jeune en séjour linguistique va ainsi constater que ses échanges sont différents lorsqu’il s’adresse à un bobby à Londres, à un professeur de surf à Bundoran (Irlande), à un boulanger à Brighton ou aux membres de sa famille d’accueil (les parents ou les enfants). Ces cadres de communication interactionnels vont l’aider à ne pas limiter sa perception du pays à une globalité mais au contraire en apprécier les particularités et les « sous cultures » (2) qui la composent.

L’immersion culturelle permet une approche « critique » du pays

dansePour renforcer l’idée que l’approche globale n’aide pas une méthode d’apprentissage idéale, le linguiste C. Kruger (1982) notait qu’apprendre la culture dans le cadre d’un cours formel poussait les apprenants à avoir une vision trop « touristique » du pays, trop stéréotypée.

Au contraire, ce chercheur constatait que l’acquisition de la langue et de la culture passait par la confrontation avec les particularismes du pays et de ses habitants. Il est essentiel que « l’apprenant » vivent des expériences de communication, se forge sa propre appréciation et mène une analyse critique personnelle.

La culture et la langue ne peuvent pas être seulement expliquées à des jeunes au travers de cours et de livres conçus avec le point de vue des adultes. Elles doivent être vécues, par les jeunes au travers d’échanges interpersonnels avec les autochtones.

Cette nécessité de communiquer en direct de façon intuitive est d’autant plus importante pour les jeunes qui n’ont souvent pas encore conscience de leur propre culture. L’absence d’intermédiaire entre eux et les habitants du pays est donc vitale. Elle gomme une fois pour toute préjugés et stéréotypes !

(1) Une analyse des freins dans les relations interculturelles 
–provoqués entre autre par les stéréotypes- 
est donnée par R. Muhammed dans le rapport 
« Encourager la communication intercultuelle ».

(2) Le terme sous-culture n’est pas utilisé 
dans le cadre d'une hiérarchisation des cultures 
mais dans le sens de « culture sociale » 
(celle d’une enfant, d’un parent, d’un professeur…), 
comme le définit Williams en 1965.